Fairness

Équilibre vie pro / vie perso dans le monde mystérieux des développeurs

Les recruteurs aussi font de la veille. Si si, je vous jure, de la veille de recruteurs. De la veille sur la façon d’approcher les candidats, leurs motivations, leurs envies, leurs façons d’évoluer dans leurs carrières et de choisir leurs futures entreprises.

Je fais partie de cette catégorie un peu particulière de recruteurs “IT”, de chercheurs de devs, de recruteurs de l’impossible, dénicheurs de pépites, chasseurs de l’extrême. Je ne vous fais pas un tableau : recruter des personnes qui sont parmi les plus sollicitées du marché dans un secteur sous tension et dans lequel la demande est supérieure à l’offre... c’est du sport.

D’où l’importance de la capacité à se démarquer et surtout de la veille pour s’adapter, toujours. Je me retrouve depuis un moment face à certaines contradictions entre les articles que je lis et des expériences que je vis en entretien.

J’ai eu envie de vous en parler.

La question porte sur les raisons qui pourraient pousser une personne, pas particulièrement malheureuse à son poste, à changer de boîte et se mettre en danger en période d’essai pour un environnement professionnel qu’elle ne connaît pas.

Bien sûr, il y a le sacro saint salaire, indémodable, toujours au goût du jour et définitivement adopté par certains comme LE critère de choix. Mais plus je discute avec des candidat(e)s, plus je rencontre de personnes dans ce métier, et plus je me rends compte que c’est loin d’être la seule et unique source de motivation pour les devs.

On arrive vite à parler de l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Là aussi me direz-vous, sujet très débattu en ce moment. Sauf que les personnes que je rencontre pour leur proposer de venir coder et apprendre chez nous n’arrêtent jamais de coder et d’apprendre. Jamais. Où est le pro ? Où est le perso ?

Un de mes collègues me disait l’autre jour que pour lui, le côté pro est corrélé au stress qui peut naître de la pression d’un client demandant une évolution sur une appli dans l’urgence. Mais passer du temps le soir (alors même que ce n’est pas indispensable), sur une nouvelle techno qu’il doit apprendre à maîtriser pour un projet ne lui paraissait pas être une contrainte qui empiétait sur sa vie perso.

Pourquoi ? Parce que cela rentre dans son temps de veille qu’il aime prendre, au calme, quand il ne lit du code que pour son plaisir d’apprendre. L’implication en soirée hors des temps de bureau se fait par défi technique et réel intérêt.

Il m’est alors apparu comme assez clair que ce métier de passionnés demandait des entreprises qui savent s’adapter à cette façon de concevoir le temps de travail.

Des entreprises qui peuvent répondre à 3 grands objectifs:

  • avoir de quoi payer tout le monde à la fin du mois.

  • protéger ses équipes du stress qui pourrait découler des projets.

  • nourrir ses équipes de défis techniques stimulants et de rêves partagés.

J’ai l’impression d’enfoncer des portes ouvertes mais mon expérience en entretiens me montre qu’il est parfois intéressant de revenir aux fondamentaux.

Comment ça vous avez une vie privée ?

Je crois que le luxe dans ce secteur, c’est de pouvoir choisir des clients ou du moins des projets et savoir quels sont les produits, les buts et les causes pour lesquelles les équipes auront envie de travailler.

La différence entre les entreprises se fait surtout dans la gestion du temps; que les équipes puissent travailler en bonne intelligence, sans stress mais avec des défis qui les empêchent de s’ennuyer. C’est là que l’organisation et la méthodologie prennent leur importance. L’agilité mise en place intelligemment avec des clients impliqués permet cela. Gardons en tête que l’idée est de ne ramener à la maison que le défi technique stimulant sans le stress lié à la mission et au client. C’est exigeant pour tout le monde, cela demande d’instaurer une vraie relation de confiance qui met du temps à se mettre en place mais c’est tellement gratifiant !

Enfin, si les futurs salariés que je rencontre se sentent accompagnés jusque dans leurs désirs de participer à des projets open source, de monter des POC entre collègues pour se former sur des technos bizarres ou participer à des meetup ou des confs, ils sauront aussi qu’ils ne sont pas simplement des talents que l’on va utiliser pour dégager de la marge. Ce temps de veille, de partage et de formation est à prendre en compte dans les négociations avec les clients. Aujourd’hui par exemple, je travaille avec des équipes de développement qui ne sont staffées qu’à 80% pour avoir UN JOUR PAR SEMAINE de dojo. Un luxe certes, mais payant tant la progression est rapide quand on opte pour ce type d’organisation.

Je pense définitivement que cette balance vie pro / vie perso est un peu déconnectée de notre réalité. Nous sommes des humains (oh surprise !) et même s’il est utile de ne pas tout mélanger nous ne pouvons pas cesser d’être mariés ou parents quand nous arrivons au boulot. Tout comme nous n’oublions pas l’existence de nos collègues quand nous rentrons à la maison. Nous n’avons pas à oublier ce qui nous constitue dans l’un ou l’autre des moments de notre journée.

Pourquoi ne pas prendre en compte les états personnels (quand ils sont partagés volontairement) pour la répartition des tickets dans la journée ? Cela demande de l’humilité au premier qui osera se dévoiler et de la bienveillance à celui qui saura l’entendre en daily. Mais cela peut aussi laisser entrevoir la possibilité de la confiance mutuelle. Et croyez moi, ça donne envie de donner le change et de s’engager aussi.

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